Né à Baccarat en 1885, rapidement repéré pour ses talents d’artisan d’art, à la fois joaillier, graveur et sculpteur, Colotte fait prospérer son atelier nancéien, embauche des collaborateurs, travaille en indépendant avec Baccarat.
Merci à Guiseppe Joseph qui a publié cet article dans Nancy Retro…
En 1929, il expose au Salon de Paris deux vitrines contenant chacune six vases en cristal taillé et sculpté, des pièces uniques.
Dans les années 1930, il a acquis la maîtrise de la difficile technique de la taille directe au burin et au ciseau sur le bloc de cristal. Les commandes affluent, ses pièces conçues comme des oeuvres uniques sont offertes au pape Pie XI et à d’autres célébrités de l’époque et il réalise le décor en cristal du pavillon de l’art lorrain à l’exposition internationale de 1937.
Lorsque la guerre est déclarée en 1939, Aristide Colotte est un personnage respectable, un artiste estimé, aussi renommé à Nancy qu’à Paris . Comme de nombreux artistes, Colotte aurait pu rester neutre ou indifférent à la situation politique.
En décembre 1941, il franchit un palier en acceptant de réaliser une épée en cristal qui doit être offerte à Pétain L’opération, montée par l’Echo de Nancy, est basée sur une souscription qui remporte un vif succès auprès des Lorrains. En quelques semaines, plus de 90.000 francs sont rassemblés.
L’épée monumentale de Colotte, haute de deux mètres, jaillissant de flammes formées de dalles de verres, incrustée d’or, est présentée en grandes pompes à l’Hôtel de Ville de Nancy en mars 1942 afin que la population puisse l’admirer avant de partir pour Vichy où elle sera remise au chef de l’Etat Français par le préfet de Meurthe-et-Moselle, en présence de l’artiste.
Dès la fin de la guerre, pendant plus d’une année, l’artiste nancéien va errer entre l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Épuisé, il décide finalement de rentrer en Lorraine où il est arrêté en novembre 1945 et immédiatement conduit à la prison Charle-III.
Colotte ne comparaîtra qu’en mars 1946, accusé d’avoir « nuit à la défense nationale ».
La sanction infligée au sculpteur est lourde : quatre ans d’emprisonnement, 10.000 francs d’amende, la dégradation nationale à vie et la mise de ses biens sous séquestre.
A 61 ans, le destin de Colotte bascule. Il est incarcéré à Epinal jusqu’en février 1947 où il obtient une libération anticipée. Mais il reste un paria car le comité national d’épuration des artistes lui interdit de vendre ses oeuvres pendant deux ans.
Comment travailler désormais ?
Il songe à quitter la France mais finalement décide de s’installer en Seine-et-Marne où grâce à la mainlevée du séquestre de ses biens, il va vivre dans la villa d’un village près de Meaux.
Il parviendra aussi à rouvrir une petite boutique de joaillerie à Paris, participera en 1950 à une exposition consacrée à l’Art du verre puis en 1957 au salon des artistes à Paris mais il mourra en 1959 d’une leucémie, ruiné.
Il faudra attendre les années 1980 pour que la cote des oeuvres de Colotte commence à remonter.