La littérature fait en effet état de la passion que nourrissait le roi Stanislas pour ses petits enfants qu’il accueillit et auxquels il rendit visite à de nombreuses reprises .
Lors d’une visite de ses petites filles, il fit représenter par les frères Guillot dont il encouragea les productions dès son arrivée à Lunéville, une cire façon porcelaine…
La ville de Nancy s’est distinguée grâce à l’atelier des Frères Guillot, tableaux religieux ou profanes, les cires habillées de Nancy sont l’expression d’une création naïve et populaire du XVIIIème siècle.
Les cires habillées sont des tableaux en bas relief, composés d’un ou plusieurs personnages dont le visage et les mains sont en cire, le corps est quant à lui recouvert d’étoffes.
Ces figurines sont disposées dans caisson profond permettant une mise en scène avec un fond décoré et vous noterez toujours la présence de rideaux.
C’est à l’initial, en Allemagne que ces compositions étaient d’habitude réalisées par des religieuses. Ces œuvres étaient d’ailleurs appelées « travaux de cloître ».
Nicolas et François Guillot sont les deux frères qui ont fait la réputation de cet art à Nancy.
Nicolas Guillot, né en 1701, commence par habiller des images de dévotion. Rencontrant un succès tel, il diversifie sa création avec l’ajout à son catalogue de personnages en cire habillés.
Son travail, là encore, d’une très grande qualité, est présenté à la cour de Stanislas, duc de Lorraine. Encensé par les plus hautes personnalités, son art est alors reconnu par tous et devient extrêmement prisé.
François Guillot, le cadet de la maison, est répertorié comme marchand de figures en cire. Il a certainement commencé à travailler avec son frère. Il réalise à la fois des personnages en cire à fixer dans de petits rochers pour faire soi-même un tableau, que des moulages de personnes vivantes, dont Nicolas s’était fait la spécialité bien avant lui.
Finalement, François, aidé de son fils Charles, se lance dans la création de cires imitant la porcelaine de Saxe, domaine dans lequel il excellera.
Les caractéristiques des cires habillées
Ces tableaux en bas relief sont toujours protégés par un verre, il ne faut pas oublier que la cire est un matériau fragile, qui se casse (mais se restaure bien) et prend facilement la poussière. La cire est toujours de provenance locale.
Les figurines de cire sont comme de petites poupées.
-Les yeux sont en verre.
-Les cheveux et les cils sont naturels et implantés de manière très particulière, de telle sorte que les cils sont le prolongement des cheveux, insérés dans le corps même de la tête.
-La tête et les mains des personnages sont en cire dure, le corps est rembourré puis habillé de riches étoffes.
Pour ce qui est des autres composants du tableau, le fond et les décors étaient crées avec des papiers de couleur, des rubans, des brillants, des morceaux d’étoffes, des galons et de la dentelle et quelques matières naturelles comme du bois ou des coquillages.
Pour être fixé correctement, les personnages et les vêtements sont cousus sur le fond de la boite.
La diffusion de ces tableaux de cire s’est faite par les colporteurs et autres marchants ambulants.
Dans divers inventaires de maisons bourgeoises ou aristocratiques lorrains, il n’est pas rare de trouver des « cabinets de cire », des « grottes » ou des « tableaux creux ». Ces petits théâtres, par leur raffinement et le travail qu’ils représentaient à créer, trouvaient leur place auprès d’un public de goût, ayant de l’éducation pour les apprécier et les moyens de les commander. Elles ne s’adressaient pas du tout au monde rural.
De nombreux cabinets sont d’ailleurs des commandes : Saint Patron de la famille, Saint prié pour une maladie, une grâce …
Source pour ces lignes Objets d’hier
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Cette cire était présentée par Bertrand de Metz-Noblat au salon des Antiquaires de Nancy, je le remercie pour les lignes qui suivent !
Cette exceptionnelle cire habillée se trouve dans son cadre doré d’époque Louis XV et sa boite d’origine.
Elle représente l’Enfant Jésus de crèche revêtu d’une robe réalisée dans une dentelle flamande aux fuseaux de la fin du XVII° siècle sur laquelle sont cousus des éléments de passementerie en « sourcils de hanneton » de couleur verte. Ses manches sont terminées des rangs de perles de verre de même couleur.
Il porte un collier de perles fines et une perruque bouclée en cheveux naturels.
Il est étendu sur un lit recouvert de soie brodée aux fils d’or et d’argent représentant des dauphins, bordé d’un galon de dentelle aux fuseaux en argent et encadré d’une paire de rideaux à embrases, caractéristique des productions des frères Guillot .
Le décor du fond met en scène des personnages dans un cadre champêtre encadrés d’un cacaoyer chargé de cabosses de chocolat et d’un cerisier chargé de fruits.
Loin d’être un hasard, ce décor fait écho aux parents du dauphin par la passion que nourrissait Louis XV pour les cerises (il est à l’origine de l’optimisation de la culture en France) et à celle de la reine pour le chocolat, qui se vit offrir par le roi pour la naissance de dauphin un nécessaire en vermeil conservé au Louvre.
Cette cire est conservée depuis le milieu du XVIII° siècle dans la même famille. L’ancêtre du propriétaire était magistrat du parlement de paris, secrétaire conseiller du Roi. La tradition familiale raconte que cette cire aurait été offerte au dauphin, fils de louis XV, par le roi Stanislas…