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Heureusement il y eut Stanislas… 

Aujourd’hui je pompe… mais je l’avoue !!!  Logiquement vous devriez me pardonner d’avoir extrait ce texte de la page facebook de Jérôme Prod’homme.

La Lorraine est terre de France depuis 250 ans.
Le 23 février 1766, Stanislas Leszczyński meurt au terme d’une agonie de 15 jours….

Alors qu’il se penchait vers la cheminée pour ranimer sa longue chibouque (une pipe turque), sa robe de chambre, offerte par sa fille bien aimée Marie, Reine de France, s’est enflammée. Grièvement brûlé, le roi n’a été découvert que bien des heures plus tard (preuve que le Roi n’était pas débordé de personnel soit dit en passant !)

Au terme de la Convention de Meudon signée en 1737, Stanislas est devenu Duc de Lorraine et de Bar à titre viager. Il a 60 ans en 1737, autrement dit son beau fils Louis XV pense que le viager ne durera pas longtemps. Il durera pourtant 29 ans…




Cette convention a permis à Stanislas de trouver un port ou poser ses bagages de baroudeur politique.
2 fois élu Roi de Pologne, deux fois chassé par les russes et les saxons, Stanislas a réussi le mariage du siècle en mariant sa fille, Marie, 99e de la liste des femmes en âge d’épouser le jeune Louis XV. Une liste dressée à Versailles alors que le jeune roi se remet difficilement d’une indigestion. Qu’il meure et la France deviendrait espagnole. On le marie donc illico et Marie lui donnera 10 enfants.

Ce mariage c’est Cendrillon qui épouse un prince charmant parce que Marie n’a plus un sou, son père est ruiné (le duc Léopold de Lorraine lui a même fait un don lors de sa première éviction du trône de Pologne …) et Louis XV, magnifique, est le roi du plus grand royaume d’Europe : la France. Il est amoureux en plus. En tous cas une dizaine d’années ce qui est déjà honnête même au vu de notre époque.

Stanislas, lui, est un peu encombrant pour le roi de France.
Son beau père c’est une sorte de roi SDF qu’on loge à Chambord avant d’essayer de le replacer pour la 2e fois sur le trône de Pologne. L’opération échoue et Stanislas arrive en Prusse au terme d’une évasion mouvementée de Gdansk (Dantzig) assiégée par les russes. 

Cette année là, le jeune duc de Lorraine François Etienne, François III de Lorraine et de Bar veut épouser Marie Thérèse future impératrice d’Autriche. Refus net de la France. Le duché de Lorraine deviendrait Autrichien. Il est proche de Paris, ce serait un pistolet braqué sur le coeur de la France.
C’est le « roi Sergent » Frédéric Guillaume 1er qui va tout décoincer (un homme à marotte cet homme là, il collectionnait les géants qu’ils embauchait dans son armée ou faisait même enlever le cas échéant). Le roi Sergent lance comme une boutade qu’on pourrait confier la Lorraine à Stanislas… Et il sera entendu !
La France accepte le mariage du duc François qui devra renoncer à la Lorraine. Il devient empereur du Saint Empire Romain germanique et en épousant Marie Thérèse de Habsbourg, il fonde la branche de Habsbourg Lorraine des empereurs d’Autriche qui comptera notamment François Joseph et son épouse Sissi. 

La Lorraine est confiée à Stanislas qui s’y installe aussitôt.

François à tout déménagé, il n’y a plus rien à Lunéville et à Nancy, même la frise qui couronne le palais ducal a été démontée et transportée à Vienne. Stanislas dort ses premières nuits à l’hôtel de Beauvau (l’actuel Palais de Justice).

Sa femme Catherine ne met pas le nez dehors. On lui a dit que le climat Lorrain était malsain et elle y croit. Une ronchon de toutes manières.
Stanislas, lui, se ballade et découvre son nouveau duché. Il veut embellir sa capitale : Nancy. 

Il commence par y bâtir une église pour y reposer le plus tard possible. Il fait raser l’antique église de Bonsecours, bâtie au dessus des restes des vaincus de la Bataille de Nancy et dédiée à la Vierge par René II en reconnaissance de sa victoire contre Charles le Téméraire. C’est l’Eglise baroque sublime que nous connaissons aujourd’hui. trop méconnue, elle est ornée de magnifiques fresques signée par le Provençal (originaire de Vandoeuvre). Il va ensuite rénover les jardins du château de Lunéville, bâti 30 ans plus tôt par le duc Léopold.

Il fera aussi ériger une place royale à Nancy, A l’origine il avait dans l’idée de la bâtir sur l’actuelle place du marché qui existait déjà mais devant la bronca des nancéiens il se rabat sur le terre plein séparant la ville neuve de la ville vieille. 

Il fait percer les remparts pour faire le lien avec l’antique Place de la Carrière construite 2 siècles plus tôt pour qu’on puisse faire « carrière » à Nancy autrement dit donner des tournois de chevalerie. Sur les façades de la Place il fait plaquer des façades XVIIIe.

 A l’emplacement du potager ducal il fait construire la Place Saint Stanislas, qui deviendra Place d’Alliance. Cet ensemble de trois places ce sera la seule construction qui lui survivra, avec Lunéville, puisque la France détruira toutes ses demeures (Einville le château cascade, la Malgrange à Jarville…) pour faire oublier le plus vite possible la grandeur du duché de Lorraine. 

On doit donc à ce grand homme l’un des plus beau sites d’Europe, classé en 1983 par l’UNESCO en tant que Patrimoine Mondial de l’Humanité. 

Un homme curieux, ouvert aux nouveautés du temps, chrétien fervent mais amis des Philosophes, notamment de Voltaire qu’il convie à Lunéville, un garçon pétillant, plein d’humour, chaleureux qui se fera apprécier des Lorrains qui le voyaient pourtant arriver d’un mauvais oeil puisqu’il était considéré comme un roi fantôche. Une preuve de ses qualités donc, mais aussi de cette grande qualité des lorrains qui est celle de juger quelqu’un sur pièce et donc de le laisser ouvrir la porte de l’amitié.

Le 23 février 1766, le roi Stanislas meurt.
Ipso facto les duchés de Lorraine et de Bar deviennent Français. Alors que Metz, Toul et Verdun étaient Françaises depuis 1648 (ou 1552 si on compte la chevauchée d’Austrasie), Nancy, Bar le Duc, Epinal, Saint Dié des Vosges, Lunéville, Longwy, Briey, Gérardmer, la Bresse, Neufchâteau, Commercy, Blamont, rejoignent la Couronne de France. Le duché de Lorraine et de Bar n’existe plus. J’en joins les armoiries qui rappellent le prestige de cette lignée qui a compté le fameux roi René 1er, son petit fils René II, une dynastie qui portait entre autre le titre de roi de Jérusalem et qui était une des rares lignées à porter une couronne fermée, autrement dit signe de souveraineté. Le duché battait monnaie et était souverain de ses décisions en matière de droit, de diplomatie. Un état.

Louis XVI, arrière petit fils de Stanislas, a épousé Marie Antoinette de Lorraine d’Autriche, fille de François III de Lorraine, mais ça c’est une autre histoire…

Bref, le 23 février, il y a 250 ans tout ronds, s’en est fini officiellement d’une indépendance qui aura duré plus de 7 siècles.

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Agé de quatre-vingt-huit ans, il meurt à Lunéville le 23 février 1766 au terme d’une longue agonie.
En effet, âgé et très imposant, il est grièvement brûlé le 5 février lorsque sa robe de chambre prend feu accidentellement devant la cheminée de sa chambre, au moment où il veut raviver la braise. Le lendemain, on embaume le corps.
Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l’église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu’à la Révolution.
Son corps est inhumé à l’église Notre-Dame de Bonsecours, à Nancy.

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La Lorraine a depuis énormément apporté à la France.

Du passé ? Non. D’abord Stanislas roi très chrétien aimait converser avec les philosophe il a même reçu Helvétius qui ne croyait pas en l’immortalité de l’âme. Preuve plus que jamais d’actualité de nos jours qu’on peut être croyant et respecter l’athéisme ou d’autres opinions… Et la Lorraine a su se perpétuer dans la France sans violence. 

Le lotharingisme né à Nancy et à l’origine du musée lorrain a montré qu’on pouvait se souvenir d’avoir été une nation sans se vouloir indépendante de la France. Qu’on pouvait aimer ses racines, les faire vivre, sans exclure. Il n’est pas impossible que cette vision des choses ait influencé Robert Schumann père de l’Europe. Être ce qu’on est au milieu de ce qui existe comme l’ont été aussi les Mosellans, Lorrains malgré tout, quand la Moselle était de fait allemande.

C’est cette ouverture d’esprit avec des racines ouvertes qui ont permis à des milliers d’hommes et de femmes venus d’ailleurs de s’installer ici. Dont moi ( ça c’est Jérôme qui l’écrit mais cela vaut aussi pour moi !!! )

 

Jérôme Prod’homme
Marc Sherrer – directeur France Bleu Lorraine

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