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5 janvier 1477, la bataille de Nancy

La bataille de Nancy est l’un des hauts faits de l’histoire du duché de Lorraine.

la bataille de nancy eugène delacroix

Au cours de l’hiver 1477, le duc de Bourgogne assiège Nancy, ville située au centre de ses États.

Conduits par le duc René II, les Lorrains repoussent les assaillants vers l’étang Saint-Jean. C’est dans cette zone marécageuse que le Téméraire est tué par la lance du chevalier de Bauzémont, seigneur de Saint-Dié…

D’un côté, René II, 26 ans, héritier du duché de Lorraine et face à lui, Charles le Téméraire, 43 ans, duc de Bourgogne. Il est le petit-fils du Roi de France Jean II dit « le Bon ».


Charles le Téméraire

A la mort de son père, Charles cumule les titres de « duc de Bourgogne, de Lothier, de Limbourg, de Brabant de Luxembourg, Comte de Flandres et d’Artois, de Charolais, d’Auxerre, de Macon, de Boulogne et de Zutphen, Palatin de Hainaut, de Hollande, de Zeeland et de Namur, Marquis du Saint-Empire, Seigneur de Salin, de Frise et de Malines ».
Autrement dit, Charles possède la Bourgogne et la Franche-Comté actuelles, mais aussi les régions de ce qu’on appelle aujourd’hui le Bénélux, les Flandres et la Picardie. L’Etat bourguignon est puissant, indépendant, mais coupé en deux. Et entre ces contrées se trouve… le duché de Lorraine !

Charles est peut-être décrit par les historiens comme un homme de goût, vertueux et chevaleresque, il est aussi ambitieux : il rêve de gloire et d’épopée. Et son courage est aussi grand que son entêtement. Il se voit conquérant à une époque où les banquiers, les marchands et les diplomates commencent à tenir le haut du pavé.
Désireux de réunir ses possessions et d’agrandir son royaume, le Téméraire va alors tenter de conquérir la Lorraine.

En 1475, il installe ses troupes dans la région. René II en appelle alors à tous ceux qui voient d’un mauvais oeil les désirs d’expansion du duc de Bourgogne : le Roi de France Louis XI, les Confédérés suisses, les villes alsaciennes qui se sentent menacées.

Le Téméraire prend Nancy à la fin de l’année 1475.
La capitale du duché de Lorraine est alors une ville de 5000 habitants (l’actuelle « vieille-ville ») et le Téméraire souhaite en faire la capitale de son royaume unifié.
René II reprend Nancy en octobre 1476.

Mais le Téméraire est têtu… Il lève une nouvelle armée et assiège à nouveau Nancy.
Celle-ci s’installe sur une butte – l’actuelle place Thiers -, et le Téméraire dirige les opérations depuis la commanderie Saint-Jean.

Assuré que la ville peut tenir le siège quelques semaines, René II part chercher du renfort.

Le dimanche 5 janvier 1477, jour de l’épiphanie (ou « des rois »), l’armée de René II quitte Saint-Nicolas-de-Port et marche sur Nancy. L’hiver a été rude et celle du Téméraire n’est pas au mieux : le froid, la disette, les maladies l’ont sérieusement affaiblie.

Cette fois, René II a l’avantage.
Il attaque le Téméraire sur deux fronts et la bataille tourne vite au massacre, aidé par un capitaine du Téméraire qui le trahit. Le duc de Bourgogne est mortellement blessé par un gentilhomme du nom de Claude de Beaumont (ou Beauzémont) qui est sourd et n’entend pas le duc lui demander grâce. Pensant avoir affaire à un simple soldat, il l’achève froidement d’un coup de lance.


Cette scène est représentée par Eugène Delacroix dans la « Bataille de Nancy », tableau visible au musée des beaux-arts et daté de 1831.

Chef de file de la peinture romantique française, Eugène Delacroix reçoit, du roi Charles X en août 1828, la commande d’une peinture pour le musée de la ville de Nancy.
Ayant adopté le thème proposé par la Société royale des sciences, des lettres et des arts, le peintre entreprend immédiatement des recherches iconographiques et historiques qui lui permettent de privilégier l’instant le plus tragique de la bataille : celui où l’on assiste à la mort du duc de Bourgogne.
La genèse de l’œuvre est assez longue. Près de quatre années s’écoulent entre la commande et la présentation du tableau au Salon de 1834.

On retrouvera le cadavre du duc nu, gelé, meurtri par les blessures (preuve qu’il s’est battu avec ardeur) et à moitié dévoré par les loups. On l’identifiera par quelques particularités physiques et grâce à son anneau ducal.

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5 siècles plus tard, le souvenir de cette bataille reste très présent. Pour preuve… La dépouille du Téméraire est transportée à Nancy et déposée en grandes pompes, au niveau du numéro 30 de la Grande Rue, à l’emplacement où les pavés dessinent un « 1477 ».


De la même manière, René II fait installer une croix à l’endroit où on a retrouvé le cadavre du Téméraire.

Lorsque cette partie de la ville sera urbanisée (début du XXème siècle), on remplacera la croix par le monument de Victor Prouvé que l’on peut voir aujourd’hui, Place de… la Croix de Bourgogne !

Selon certains analystes, la bataille de Nancy constituerait le début du rapprochement de la Lorraine et de la France…

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Merci au site my-lorraine.fr pour les sources de cet article !

En savoir encore plus, et beaucoup d’illustrations sur le blog Patrimoine de Lorraineici

 

 

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