Ce n’est pas le lieu le plus glamour de la ville, c’est celui où on peste en voiture, on se dépêche à pieds, on descend de tram, on prend son bus, on fait gaffe aux vélos…
Oui mais là, dans la première partie de l’avenue Foch, il y a une pépite architecturale, un immeuble dont la construction remonte aux années 30, celui qui fut un temps nommé le gratte-ciel de Nancy.
L’Hôtel Foch ( tout récemment renommé The Originals ), à l’angle de l’impasse Saint-Antoine, nommé un temps Hôtel Qualys, est une construction exceptionnelle pour plusieurs raisons dont son spectaculaire modernisme…
Le modernisme
Le modernisme est un mouvement architectural des années 1920 et 1930. C’est sans doute la plus grande révolution de l’histoire de l’architecture.
Les architectes modernistes voulaient faire une architecture avant tout fonctionnelle. Ils ont donc réalisé des édifices en béton armé sans décor souvent peints en blanc car c’était hygiénique.
Pour les intérieurs ils optaient pour un plan le plus logique possible, supprimant tout décor et veillant à ce que les pièces soient bien éclairées et bien aérées.
L’esthétique des paquebots des avions ou des voitures américaines les ont inspirés. Ils utilisaient une ferronneries très simple souvent en aluminium ou en inox pour appeler ce style dit « paquebot ».
Les maîtres du modernisme, dont Le Corbusier avaient beaucoup de difficultés pour trouver des clients car leur architecture était jugée bien souvent trop moderne pour l’époque.
Les modernistes vont donc souvent s’opposer aux architectex art nouveau et art déco. Mais depuis les années 50 toute l’architecture est inspirée du modernisme !
L’hôtel Foch fut construit comme l’extension de la Brasserie des 2 Hémisphères située place Thiers dont Monsieur Vidalenc était propriétaire. Les plans de l’immeuble datent de 1932, le chantier semble s’achever à la fin de 1933..
L’utilisation judicieuse du béton armé à permis de résoudre élégamment les problèmes délicats d’éclairage dus à l’exiguïté de l’impasse .
Le bâtiment forment une véritable lanterne rectangulaire dont la façade principale largement oblique sur l’avenue Foch est traité en dents de scie.
Les fenêtres sont orientées au sud pour aller chercher la lumière et les vues sur la ville, l’hôtel est couvert d’un toit-terrasse très rare à l’époque.
Raphaël Oudeville, naît dans les Vosges en 1896 et décède à Nancy le 3 octobre 1949, il est connu en particulier pour la cité Senn ou cité Oudeville à Villers-les-Nancy, bâtie en 1929.
Raphaël Oudeville, est un des architectes modernistes les plus renommés de Nancy. Il a repris le cabinet de Lucien Weissenburger, architecte Art Nouveau de la ville.
Il est l’architecte de ce bâtiment.
A l’intérieur, une rampe d’escalier en aluminium d’inspiration Prouvé est également à remarquer.
L’ascenseur actuel date encore de l’époque de la construction.
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Un petit tour au dernier étage, une chambre avec terrasse domine la place de la République, révélant une vue à plus de 180° sur la ville 🙂
Au rez-de-chaussée de l’hôtel, un vitrail « art déco » est signé Georges Bassinot (le T est caché par les montants métalliques).
De l’extérieur on le devine à peine, il faut rentrer dans l’hôtel pour en admirer ses couleurs, des vitraux en grisaille avec un liseré vert, typiques de la période.
Plusieurs panneaux, dans le hall et les chambres du rdc.
Lors des travaux qu’à connus l’hôtel en 2014, ces vitraux ont été restaurés par l’Atelier des frères Hervé situé 16 rue des Cristalleries.
Les « Monuments Historiques » ont fait toutes les recommandations pour que ces œuvres d’art situées dans un établissement classé respectent le lieu. Ces vitraux datent de la création de l’hôtel en 1933.
Georges Bassinot, élève de Victor Prouvé, a créé cet atelier en 1925, soit huit ans avant la création de l’hôtel.
L’hôtel Foch a été racheté en 2014 par le groupe parisien Parfires. De gros travaux sont entrepris avec comme objectif de faire de ce lieu un hôtel 3 étoiles.
Et pour la petite anecdote lors de ces travaux, il a été retrouvé un tunnel sous-terrain qui menait à l’Est Républicain de l’autre côté de la rue, ce bâtiment ayant vraisemblablement abrité une imprimerie secrète pendant la seconde guerre mondiale !
Je tiens à remercie Eric Delpy, directeur de l’hôtel (et son collaborateur Frédéric) qui m’a ouvert les portes de l’hôtel pour réaliser cette page.
le site internet de l’Hôtel Foch – The Originals – ici
Et le très riche site jcb1.pagesperso-orange.fr/