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Mémorial Désilles – lieu de mémoire

Edifié il y a 235 ans, le Mémorial Désilles connaît depuis plusieurs mois un vaste chantier de rénovation. Avant sa réouverture en novembre 2018, le magazine Nancy Tourisme nous offre 4 pages retraçant son histoire !

Révolution française, 31 août 1790.

A Nancy, le marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés, réprime dans le sang les soldats en garnison qui se rebellent contre leurs officiers.
L’accès Nord de la ville est le théâtre de combats fratricides auxquels le lieutenant André Désilles tente de s’opposer… en vain. Grièvement touché, il succombe à ses blessures le 17 octobre.

Aujourd’hui, l’entrée fortifiée sous laquelle il est tombé porte son nom. Un édifice devenu un lieu mémoriel emblématique qui fait l’objet d’un important travail de restauration, d’aménagement et bien plus encore…

Pages extraites du Magazine Nancy Tourisme n°10 !

Consultez-le en ligne, 100 pages histoire, patrimoine, entreprises, gastronomie …

 

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Édifiée en 1783 et perçant le mur d’octroi (démoli en 1878) délimitant l’extension Nord de la ville réalisée au 18e siècle, la porte Désilles, initialement nommée porte Saint-Louis (ou Stainville), se dresse sur la place du Luxembourg, dans le prolongement du cours Léopold.

Création de l’entrepreneur Didier-Joseph-François Mélin, sur demande du maréchal de Choiseul-Stainville, ses ornements célèbrent majoritairement le rôle décisif que Louis XVI joua durant la Guerre d’Indépendance américaine (1775-1783) et la naissance du dauphin Louis-Joseph de France (1781).

 

Classée Monument historique depuis 1925 et plus ancien monument aux morts de l’hexagone, elle se présente sous la forme d’un arc de triomphe en grès doté de trois ouvertures autrefois closes par de massives portes en bois.
Ses statues et bas-reliefs sont signés Joseph Söntgen à qui l’on doit aussi les sculptures de la porte Stanislas.

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Louis XVI, roi des Lorrains

 


Côté ville
, des pilastres ioniques soutiennent un entablement orné de plusieurs bas-reliefs commémorant le traité de Versailles de 1783.
Surplombant l’arche centrale, un cartouche portant la mention «Mémorial Désilles » est surmonté d’une figure guerrière soutenant un médaillon autrefois à l’effigie de Louis XVI, et de la Renommée brandissant une couronne de laurier.
L’Amérique y est figurée par la présence d’un jeune amérindien admirant le portrait du roi.

 

Sur le bas-relief de gauche, les Français et la Lorraine rendent hommage au dauphin avec à l’arrière-plan une représentation de la porte elle-même. Sur celui de droite, Louis XVI reçoit l’hommage d’un enfant portant une coiffe ornée de plumes et lui offre en retour un rameau d’olivier, symbole de paix retrouvée.

Côté faubourg, l’édifice, afin de marquer l’esprit de ceux qui passaient les fortifications, évoque l’un des hauts faits d’armes de la ville : la Bataille de Nancy et la victoire du duc René II sur Charles le Téméraire en 1477.
La scène était autrefois dominée par une sculpture en forme de trophée arborant une couronne royale, disparue lors de la Révolution Française.

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Mémoire restaurée

C’est pour honorer le sacrifice d’André-Joseph-Marc Désilles que la Ville de Nancy, en 1868, rebaptise le monument.

Une décision symbolique rappelant le dévouement que représente l’acte du jeune lieutenant malouin de 23 ans et qui ancre la dimension commémorative du lieu, au même titre que la dalle au sol portant la mention « La Ville de Nancy à tous ses enfants morts pour la France au cours de son Histoire » posée le25 novembre 1976.

C’est d’ailleurs avec cette portée mémorielle qu’entre en résonance l’actuelle campagne de restauration du site, un chantier qui porte non seulement sur l’arc mais aussi la place du Luxembourg — où se trouve la flamme du soldat nancéien mort pour la France —, et sur l’esplanade du Souvenir Français qui la jouxte, côté ville au Sud.

 

Initié sous l’expertise d’un comité de pilotage associant l’Architecte des Bâtiments de France, la Ville de Nancy, la Métropole du Grand Nancy et les autorités militaires, le chantier actuel est dirigé par l’Atelier Grégoire André (architectes du patrimoine) et bénéficie du savoir-faire de nombreuses entreprises régionales comme France-Lanord & Bichaton, Les Métalliers Lorrains ou Sculptura.

Lors du diagnostic initial, deux sources majeures de dégradation ont été définies : les dégâts liés aux sels solubles qui ont fait craqueler la pierre en séchant après s’y être infiltrés et une pulvérulence due à une évaporation rapide sous l’effet combiné du vent et du soleil. Des altérations qui donneront lieu au remplacement des joints au ciment par des joints à la chaux, à un remodelage des bas-reliefs par des artisans spécialisés et à la couverture du sommet par des plaques de plomb pour éviter les ruissellements.

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Une nouvelle agora

 

Engageant un budget de 4 millions d’euros financé par la Ville de Nancy et la Métropole du Grand Nancy sur une durée de 15 mois, le vaste chantier comprend en outre la consolidation des sculptures (et pour les plus altérées, un remodelage protecteur), des interventions sur les pierres de taille, l’électricité (avec notamment une mise en valeur par le biais d’éclairages), sans oublier le nettoyage complet de l’édifice.

Il prévoit de surcroît le réaménagement de la place du Luxembourg et de l’esplanade du Souvenir Français en un espace de promenade pavé, bordé d’arbres et devant, à terme, accueillir les manifestations commémoratives.
Redessinée afin de s’accorder au mieux avec la géométrie rectiligne du bâti alentour et la vie des habitants du quartier — trottoirs plus larges, voies de circulations réorganisées sur une file et capacité de stationnement identique — l’agora accueillera également un mémorial numérique destiné à honorer les morts pour la France, depuis la Grande Guerre jusqu’aux conflits les plus récents, soit près de 6000 personnes.

La réouverture est prévue le 11 novembre 2018 avec plusieurs évènements à suivre : concerts, projections de films, cérémonies… pour célébrer, honorer mais aussi ne pas oublier.

                                                                                                    Anthony Humbertclaude pour Nancy Tourisme

 

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