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la rue René d’Anjou – entre histoire et nouvel habit

Après 5 mois de travaux, la rue René-d’Anjou a été inaugurée il y a quelques jours !

Les trottoirs pavés sont désormais plus esthétiques et plus larges, confortables et sécurisés pour les piétons et les personnes à mobilité réduite.
On retrouve  au sol une voix de circulation vélo à contresens pour les cyclistes.
Les places de stationnement sont légèrement plus nombreuses, harmonisées et longitudinales, dégageant les pieds des façades.
L’enrobé de la chaussée et les caniveaux ont été refaits.
Un nouvel éclairage par des lanternes à six faces comme dans le reste de la Ville Vieille a été installé.

L’opération (475 000 €) a été entièrement financée par la Métropole du Grand Nancy, en charge de la voirie communautaire.

 

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Et maintenant la page d’histoire

De la rue des Loups au cours Léopold

Cette rue fut percée en 1760, à travers les anciens remparts, pour relier la Ville Vieille au cours Léopold, dont on projetait alors l’aménagement.

A son emplacement se trouvait, au Moyen Age, un des deux cimetières du Terreau, entourant l’ancienne église Notre-Dame.
En 1550 fut construit, sur ce cimetière, l’Arsenal de Chrétienne de Danemark, agrandi sous Charles III, et occupant toute la place de cette rue jusqu’à l’hôtel des Loups.

La rue actuelle fut tracée à travers des dépendances de l’Arsenal et le bastion dit de Danemark.

Elle s’appela au fil du temps :
-Nouvelle rue Notre-Dame (à cause de l’église du même nom, aujourd’hui disparue, elle partait de son parvis).
-Rue de la Munitionnaire,
-puis de la Manutention (magasins militaires établis dans l’ancien arsenal en 1768).
-Dénommée en 1928 pour son nom actuel rue René d’Anjou.

 

Deuxième fils de Louis II d’Anjou et Yolande d’Aragon,  (1409-1453), né à Angers, René part pour la Lorraine afin d’être éduqué par son grand-oncle le cardinal Louis de Bar. Ce mécène lui lègue le duché de Bar et arrange son mariage avec Isabelle de Lorraine. Le couple donnera le jour à neuf enfants.

En 1431, Isabelle hérite du duché de Lorraine mais un rival revendique l’héritage. C’est le début des ennuis pour René d’Anjou qui est battu et capturé en 1431 et ne sera libéré contre rançon qu’en 1437. Entre temps, la mort de son frère aîné a ajouté à ses possessions le duché d’Anjou et le comté de Provence !

Le jeune duc n’est plus seulement l’un des plus puissants seigneurs du royaume. Il est par ailleurs le beau-frère et l’ami du roi de France Charles VII, lequel a épousé en 1422 sa soeur Marie d’Anjou.

René 1er aurait pu en rester là mais voilà qu’une cousine, la reine de Naples Jeanne II, morte en 1435, lui lègue aussi son royaume avec le titre pompeux de «roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem» ! Le royaume de Naples, faut-il le préciser ? est à l’époque l’un des plus prospères d’Europe et sa capitale est une métropole culturelle riche et enviée.

Tandis qu’il se morfond dans sa geôle, sa femme Isabelle de Lorraine s’en va prendre possession du royaume que convoite également le roi d’Aragon. Sitôt sorti de prison, René prend à son tour le chemin de Naples avec une troupe qu’ont dû financer ses sujets provençaux.

Les choses prennent mauvaise tournure. Battu en 1442 par le roi d’Aragon, René retourne en France sans pour autant renoncer officiellement à son titre royal. Il restera pour tous le «roi René».

Homme de la Renaissance, le roi René, qui parle cinq langues, est apprécié des Italiens comme des deux papes en concurrence au début du XVe siècle. Il contribue à la résolution du Grand Schisme d’Occident et conseille utilement son beau-frère Charles VII dans l’administration du royaume capétien.

Après la mort de sa femme, il doit renoncer au duché de Lorraine. Dégoûté de la guerre, qui ne lui a apporté que des déceptions, il se remarie en 1454 avec Jeanne de Laval (21 ans) et s’établit à Saumur, puis à Aix. Sur les bords de la Loire comme en Provence, il multiplie les jardins, les ménageries de bêtes sauvages et les résidences de plaisance ; il se passionne pour la chasse et les tournois dont il fixe les règles dans un célèbre traité ; il se voue aussi à la poésie et à la peinture.

Le duc commande à des architectes italiens l’élégant manoir de Launay, dans le val de Loire. Pendant l’été 1446, il y donne 40 jours de fête. C’est le plus grand tournoi du siècle !…

René coulera les dix dernières années de sa vie au milieu d’une cour raffinée, pleine d’artistes et de poètes, à Aix, dans son comté de Provence.

Louis XI, fils et successeur de Charles VII, impose à René 1er de léguer la Provence à son neveu le comte Charles V du Maine, un prince maladif et sans enfant, plutôt qu’à son petit-fils René II de Lorraine. Grâce à quoi Louis XI réunira la Provence à la France dès 1482, après la mort de René et du comte du Maine !

Le roi de France héritera aussi du titre de roi de Naples, un legs symbolique mais lourd de conséquences… Dix ans plus tard, son fils et successeur Charles VIII reprendra en effet à son compte les revendications des Angevins sur le royaume de Naples. Il en découlera un demi-siècle de guerres d’Italie !

René 1er n’en a cure. Mort en 1480, il est inhumé dans la cathédrale d’Angers, à côté de sa mère, Yolande d’Aragon, et de sa première épouse, Isabelle de Lorraine.

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Sources

https://www.herodote.net/index.php

http://monhist.free.fr/site_statique/monuments/rues_anciennes/rues_anciennes.html

 

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