Il faisait fort beau hier place Stanislas ! et sur fond de ciel bleu, le doigt de Stanislas n’en paraissait que plus volontaire.
Aménagée entre 1752 et 1755, la place Stanislas était à l’origine entièrement dédiée à la gloire de la monarchie française et de son roi et baptisée « place Royale ».
images Urbi et Orbi
Trônait en son milieu une statue de Louis XV. Une statue hautement symbolique, puisque de la main droite, dirigée vers l’est, il brandissait le bâton de combat, c’est-à-dire en direction de l’empire des Habsbourg, ennemis des Français et que l’ancien duc de Lorraine François Etienne ralliait en épousant Marie Thérèse d’Autriche.
La tête de Louis XV, en revanche, était tournée dans la direction opposée, vers l’ouest, autrement dit vers la France. L’époque de Stanislas correspond à la période de transition avant que l’ancien duché ne soit rattaché officiellement à la France.
Elle a été détruite en 1792 au moment de la Révolution française.
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La place fut alors rebaptisée « place du peuple ». Il fallut attendre 1831 avant qu’elle ne prenne le nom qu’on lui connait aujourd’hui et que la statue de notre bon roi Stanislas ne prenne place au cœur de ce joyau d’architecture XVIIIe. C’est au sculpteur Jacquot (à qui la rue entre le palais ducal et l’église des Cordeliers de Nancy rend hommage) que l’on doit cette œuvre.
Sous le Consulat, la société académique de Nancy projette d’ériger un monument en l’honneur de Stanislas. Mais les circonstances ne permettront pas de l’exécuter.
Initialement on pensait ériger la statue sur la Place de la Carrière, et Stanislas devait désigner du bras droit la Ville Neuve, l’objet de ses soins.
Un premier projet de monument à Stanislas Leszczynski est accepté par le préfet Jean Paul Alban de Villeneuve-Bargemon. Il est prévu pour la place de la Carrière. Louis XVIII approuve le projet en 1823.
Charles-François Guibal propose de dresser le monument sur le socle de la place Royale.
La commission choisit Georges Jacquot, un jeune sculpteur. Il présente deux esquisses en argile, l’une représentant un Stanislas guerrier l’autre, plus conforme au cahier des charges, en habits polonais vêtu du manteau royal. La seconde esquisse est choisie le 13 décembre 1825.
Le 12 mai 1826, la commande est passée pour 6 000 francs. Les travaux devaient durer deux ans au plus…
La statue de Labroise, qui occupait le socle, est détruite en 1830. La statue de Stanislas Ier, coulée par le fondeur Soyer, est réceptionnée le 22 octobre 1831.
Elle est en bronze, pèse 5 400 kg et mesure 4,13 m. Le piédouche de marbre blanc qui surplombait le socle est retiré. Il est utilisé depuis 1830 comme stèle sur le caveau de la famille Antoine, visible au cimetière de Préville.
Les inscriptions du socle ne furent décidées que le 20 octobre 1831
A Stanislas le bienfaisant – La Lorraine reconnaissante – 1831 – Meurthe-Meuse-Vosges
Le monument est inauguré le 6 novembre 1831 par le préfet Lucien Arnault.
Mais l’index …
Certains diront qu’il indiquait le quartier des prostituées anciennement situé en Veille Ville.
Mais la statue du roi Stanislas était censée pointer, selon le cahier des charges du sculpteur Jacquot, le portrait de Louis XV sur l’acrotère de l’arc de triomphe, de son index démesuré.
Un simple examen visuel montre que le résultat est pour le moins approximatif.
Parmi tous les sites que j’ai consultés avant de produire cette page, le plus captivant est sans aucun doute Urbi & Orbi, mis en ligne par Daniel et Bruno Denise.
La théorie de la ligne géodésique – Urbi & Orbi :
Une rapide observation devant le piédestal rend cette indication pour le moins aléatoire ou symbolique, tant il apparaît clairement que le doigt du roi de Pologne ne montre pas l’effigie de Louis XV.
En scrutant cet « ailleurs », le regard se prolonge vers ce mystérieux itinéraire » La ligne géodésique « .
( ligne géodésique : une ligne droite sur le globe terrestre, elle devient sur un planisphère une courbe sinusoïdale appelée courbe géodésique )
Une équipe projet s’est penchée sur cette question. Mené par Daniel Denise en 2004 avec une équipe de l’IGN (Institut National Géographique), le projet URBI&ORBI prend des mesures précises de la direction du doigt.
En mai 2004, l’IGN installe ses instruments au pied de Stanislas. Une nacelle hisse Georgia, géomètre de charme, dans les bras de Stanislas. Deux minuscules aiguilles sont placées sur le doigt de Stanislas pour déterminer l’azimut et développer la ligne géodésique. Une autre aiguille installée sur le sommet de la tête, déterminera l’antipode. Depuis les trois postes de visée campés autour de la statue, Georgia et Laurent, alternent les prises de mesure.
En début d’après midi, l’installation de trois stations GPS complète l’ensemble des relevés.
Nous sommes entraînés dans une rotation complète autour de la terre avant de revenir au point de départ : la place Stanislas.
On découvre alors qu’effectivement, Stanislas pointe une ligne droite. Droite sur le globe terrestre, elle devient sur un planisphère une courbe sinusoïdale appelée courbe géodésique qui laisse libre à l’imaginaire les points qu’elle rencontre. Charleville-Méziers, Bruxelles, Bruges, Newcastle, Edinburgh, Portland, Reggia di Calabria (d’où est issu l’essence de Bergamote), Rome, Milan, Bergamo, Lugano … avant de revenir au point de départ : la Place Stanislas.
Mais notre imagination est libre aussi de tout rêve !