La « Pep » – histoire d’une pépinière royale !
Construite en 1766 comme véritable pépinière, la Pep comme on aime à la nommer en nous octroyant un sentiment de possession, est aujourd’hui le grand Parc Public de la place Stanislas !
Un carré de 21 hectares, 1 730 arbres.
Certains ont plus de 250 ans et atteignent aujourd’hui 42 mètres…
une page écrite avec Clémentine T.
Une pépinière permet la culture de jeunes arbres destinés à être replantés à l’époque de Léopold 1er ( 1679 – 1729 ), le long des routes poudreuses des duchés de Lorraine et de Bar, ou dans certaines propriétés privées.
La pépinière fait alors partie du potager Royal de Léopold 1er, situé à l’actuel emplacement de la place d’Alliance.
En 1751, Stanislas est duc de Lorraine et de Bar…
Il a peu de pouvoir politique et compte bien marquer l’histoire par ses grands projets urbanistiques : il lance la réalisation de la place Royale aujourd’hui place Stanislas.
La création de la place d’Alliance fait également partie des projets de Stanislas et le potager de Léopold est alors détruit.
Mais … il faut un lieu pour la pépinière royale.
En 1764 la construction du quartier Royal voulu rue Sainte Catherine par Stanislas, étend les limites de la ville sur la prairie à l’Est et laisse apparaître un grand espace entre la place de la Carrière et le nouveau quartier.
C’est le lieu idéal…Stanislas décide en avril 1765 d’y construire la Pépinière Royale.
En utilisant ce terrain les murs de la pépinière serviraient également de murs d’octroi à la ville.
Le terrain vague est accidenté, inégal et comporte les anciennes fortifications (bastions et remparts) non entretenues de la vieille ville.
La construction est laborieuse !
Le bastion des Dames, près du palais du gouverneur et une partie du Bastion de Vaudémont (emplacement de l’actuel parking Vaudémont) sont détruits. La partie supérieure des anciens remparts de la vielle ville côté place Carrière est démolie et la partie inférieure est utilisée pour former la terrasse qui sera bordée de rangées de Tilleuls.
Elle se termine au Nord, par un amphithéâtre en contrebas appelé « le fer à cheval » et dit Manège des Pages, construit en 1770, où les jeunes gens prenaient des cours d’équitation.
Le trou béant formé par les anciens fossés au bas de la terrasse est comblé par la plantation de très grands arbres.
Au-delà des fossés commence la pépinière proprement dite.
Le sol est nivelé partout et l’espace est divisé en 16 carrés de culture où sera plantée une grande variété de jeunes arbres, séparés par de grandes allées verticales et horizontales :
36000 ormes, 10000 tilleuls, 30000 frênes, 7000 marronniers, 4000 noyers….
Le parc garde encore aujourd’hui l’héritage du tracé géométrique.
A sa construction l’entrée se fait uniquement par l’hémicycle de la place Carrière.
- En 1770-1772 d’autres passages s’ouvrent rue Braconnot (ancienne rue de l’opéra) et place Stanislas avec la destruction des 2 fontaines latérales autour de la fontaine Amphitrite.
- 1830 les routes sont bordées de grands arbres et de nombreuses pépinières privées se créent, la pépinière royale perd son utilité première.
- 1835 Nancy cesse l’exploitation industrielle de la pépinière et liquide peu à peu son stock.
Une partie des carrés de la partie basse du parc est convertie en pelouses géométriques avec des allées régulières, seuls les arbres de grande hauteur sont conservés.
La pépinière devient un jardin régulier, dit à la française
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Plan actuel du Parc de la Pépinière
Toutefois le parc entouré de murs manque d’air et de perspectives, la promenade est sinistre.
Les nancéiens se sentent enfermés dans un environnement peu accueillant avec les bosquets épais et touffus
qui servent de repères aux amoureux !
- A partir de 1840, Nancy va s’attacher à embellir la promenade un peu plus chaque année…
…des grilles remplacent les murs, de nouvelles ouvertures sont créées:
– 1846 à l’est vers le canal de la Marne au Rhin
– 1870 au sud de la place Carrière lors de la démolition des prisons de la conciergerie
– 1873 rue Jacquot après la construction de la gendarmerie départementale
– 1879 rue Grandville et rue Claudot après la suppression du manège des Pages et l’abattement du bastion le Duc
On peut désormais s’asseoir sur les bancs pour profiter du paysage et observer les arbres centenaires, séquoias ou hêtres pourpres…
Ecouter des concerts au kiosque Mozart, sublime réalisation de Prosper Morey, architecte de la ville en 1875, en remplacement du premier kiosque datant de 1841 …
Archives municipales, plan P. Morey
…ou danser à l‘auditorium depuis 1937.
se promener dans les allées sinueuses du jardin à l’anglaise (1877) dans le haut de la pépinière
vérifier l’heure sur l’horloge florale avant de descendre la grande allée centrale
L’horloge florale crée en 1956 est le fruit de la collaboration du travail des horlogers de la ville et des jardiniers.
D’un diamètre de 6 mètres, elle nécessite de 5 000 à 6 000 plantes pour former une composition renouvelée deux fois par an: de mars à mai avec des plantes printanières, et de mai à novembre avec des plantes estivales.
se rafraîchir autour du grand bassin en regardant les canards qui barbotent et les bateaux des enfants qui tourbillonnent près des jets d’eau.
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admirer les statues du parc comme celle du peintre lorrain Claude Gelée de Rodin, inaugurée lors du voyage à Nancy du président Sadi Carnot en 1892.
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Il se peut même que nous fassions de nouvelles rencontres…
A la fin du 19ème siècle un parc Zoologique a pris place en bas de la pépinière.
De nombreuses espèces ont investi les lieux.
Peut-être certains d’entre vous ont-ils connu Jojo, le Chimpanzé, véritable mascotte de la pépinière qui resta plus de 50 ans ! Pour les plus curieux il se trouve aujourd’hui au musée l’aquarium de Nancy…
Autrefois je vous aurais retrouvés à la buvette…
… aujourd’hui ce sera à la brasserie avant d’aller s’installer dans la roseraie (1927), sans oublier de rendre visite à la cabane des Gaufres et Glaces lorraines installée depuis 1954.
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Pour les enfants, de nombreuses attractions sont prévues avec le théâtre de marionnettes, le minigolf, les manèges.
En 1992 une aire de jeux unique est inaugurée, sculptée dans des troncs géants de trois principales essences: chêne, cèdre et séquoia.
« la clairière s’inspire des aventures de Bilbo le Hobbit, personnage crée par Tolkien en 1936.
Les enfants vont s’approprier le personnage de Bilbo, petit être paisible, au cours d’une aventure qui va les conduire à explorer des régions nouvelles et inconnues. Grâce à leur courage, ils découvriront « le cercle magique », franchiront « la grande porte amphithéâtre ».
Téméraires, ils finiront peut-être par vaincre Smaug, le terrible dragon ».
en 2005 la pep se pare d’une nouvelle fontaine, la fontaine de Karlsruhe
En 2013 la place de la terrasse qui mène à la « Pep » est rebaptisée Place Nelson Mandela.
Aujourd’hui, il y a toujours une bonne raison d’aller à la pep…
1er novembre au 31 mars : 6h30 – 20h00
1er avril au 31 mai : 6h30 – 21h
1er juin au 31 août : 6h30 – 22h30
1er septembre au 31 octobre : 6h30 – 21h
21 hectares – accès libre
entrées place Stanislas, bd du 26e RI et rue Sigisbert Adam
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sources
comme d’habitude, un grand merci au CIL – ici
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le site Nancy Hier pour les cartes postales anciennes – ici