Drouot un des hommes les plus vertueux et des plus modestes qu’il y eût en France, quoiqu’il fût doué de rares talents…
Le comte Antoine Drouot, né le 11 janvier 1774 à Nancy est un général d’artillerie français du Premier Empire, pair de France.
Napoléon Ier dira de lui : « Il n’existait pas deux officiers dans le monde pareils à Murat pour la cavalerie et à Drouot pour l’artillerie. »
Dès la mort de Drouot, en 1847, la municipalité de Nancy manifeste son intention d’ériger une statue en son hommage…
Antoine Drouot est né le 11 janvier 1774 à minuit, rue Saint-Thiébaut, dans un faubourg de Nancy d’un père boulanger.
Il est le troisième enfant d’une famille très pieuse et aux revenus modestes, qui en comptera douze.
Admis à l’école des Frères des Écoles chrétiennes, son ardeur au travail et son intelligence sont remarquées par le supérieur, qui conseille à son père de l’encourager dans les études. L’octroi d’une bourse, sollicitée par le supérieur et accordée au vu de ses résultats à l’examen d’entrée, lui permet de devenir externe au collège de Nancy.
Il y bénéficie des leçons particulières d’un professeur de mathématiques, qui déclare en 1854 :
« En l’espace de deux ans, mon élève avait acquis la connaissance de toutes les parties des sciences mathématiques qui n’étaient enseignées que dans les écoles militaires supérieures. »
Ecole d’artillerie
En 1793, âgé de 19 ans, il pose sa candidature à l’école d’artillerie de Châlons-en-Champagne, ouverte en 1791.
La sélection était sévère puisqu’il n’y avait que 52 places pour environ 400 candidats.
Faute de moyens, il doit faire à pied les 150 kilomètres le séparant du lieu de l’examen.
D’abord objet de railleries du fait de sa modeste apparence, il stupéfie rapidement le jury des examinateurs par la facilité avec laquelle il répond aux questions de mathématiques les plus difficiles.
Antoine Drouot est reçu premier de sa promotion sous les applaudissements du public, puis porté en triomphe par ses futurs camarades.
En raison du manque de cadres dans les armées révolutionnaires en guerre, les dix premiers de la promotion, dont les résultats ont été remarquables, sont, au bout d’un mois, envoyés directement dans les régiments d’artillerie en qualité d’officiers. Antoine Drouot est nommé lieutenant en second au 1er régiment d’artillerie basé à Metz.
Carrière militaire
— Arrivé à son poste depuis à peine deux mois, il prend part à la bataille de Hondschoote le 8 septembre 1793. En l’absence de ses supérieurs, il commande seul sa batterie de canons et fait tomber une des redoutes qui défendait le village de Hondschoote près de Dunkerque.
Par la suite, le général Moreau devait déclarer, en s’adressant au général Macdonald : « J’ai vu des choses fort surprenantes ; mais ce qui m’a frappé, c’est une batterie placée dans une redoute par un enfant ; et cet enfant, c’était le brave Drouot que vous voyez. »
— Il est nommé lieutenant en premier le 22 février 1794, participe à la bataille de Fleurus le 26 juin 1794.
Nommé capitaine le 25 février 1796, il est envoyé à Bayonne à la fin de la même anné. C’est à cette occasion qu’il est victime de l’inflammation accidentelle de la charge de poudre d’un canon qu’il inspectait. Atteint aux yeux, il reste aveugle durant deux mois et sa vue demeure délicate par la suite et sera la cause de la cécité définitive qui le frappe en 1847.
— En 1804, après s’être rendu à Nancy au chevet de son père mourant, Antoine Drouot se rend à Toulon, où il participe à la préparation de l’expédition vers les Antilles.
Il échappe de peu au désastre de Trafalgar en recevant, au moment d’une ultime escale à Cadix, l’ordre de rejoindre la Grande Armée.
— En février 1808, il est affecté à l’armée d’Espagne, commandée par le général Lariboisière, en qualité de directeur du parc d’artillerie à Madrid.
Il échappe de peu à la mort au cours de l’insurrection populaire du 2 mai à Madrid. Antoine Drouot est nommé colonel-major de l’artillerie à pied de la Garde impériale le 18 décembre 1808.
C’est en juin 1809, au cours d’une revue au château de Schönbrunn en Autriche, que Napoléon remarque Drouot.
Il participe à la campagne de Russie et pendant la tragique retraite de Russie, son courage et sa détermination le font à nouveau remarquer par l’empereur.
Le 26 janvier 1813, Antoine Drouot est nommé général de brigade et aide de camp de l’empereur.
Il est aux côtés de l’empereur au moment de son abdication à Fontainebleau qui choisit trois généraux : Drouot, nommé gouverneur de l’île d’Elbe, Cambronne pour commander sa garde et Bertrand pour diriger le Palais et l’administration.
Il accompagne l’empereur à son retour en France en 1815, bien qu’il désapprouve l’entreprise. Il fait à la bataille de Waterloo des efforts incroyables, se retire après le désastre au-delà de la Loire à la tête de la garde impériale.
Drouot refuse alors tout service et tout traitement, et il se retire de la vie publique. Retourné dans sa ville natale, il refuse constamment toute fonction publique.
Le 19 novembre 1831, il est créé pair de France.
Antoine Drouot meurt à Nancy, le 24 mars 1847.
Son éloge funèbre est prononcé par le père Lacordaire. Il est enterré au cimetière de Préville à Nancy.
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Paroles de Napoléon rapportées par Las Cases :
« Il a peint Drouot comme un des hommes les plus vertueux et des plus modestes qu’il y eût en France, quoiqu’il fût doué de rares talents. Drouot était un homme, à ce qu’il dit, qui vivrait aussi satisfait, pour ce qui le concernait personnellement, avec quarante sous par jour que s’il jouissait des revenus d’un souverain. Charitable et religieux, sa morale, sa probité et sa simplicité eussent été honorées dans le siècle du plus rigide républicanisme. »
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Le 27 mars 1851, le conseil municipal de Nancy décide d’ouvrir une souscription nationale.
L’architecte du roi envoie 200 francs tout en réclamant la discrétion.
David d’Angers devenu aveugle, c’est Viard qui termine la sculpture du visage et l’aigle du piédestal.
Inauguration le 17 juin 1855 en présence d’un représentant de l’empereur Napoléon III et une cantate est même créée pour la circonstance.
En janvier 2018, la statue d’Antoine Drouot bénéficie d’une restauration en profondeur. Nettoyage de pierre de taille, des bronzes, des bas reliefs, des parements en marbre ainsi que des bornes et des chaînes qui l’entourent. « Les travaux ont permis de redonner toute la splendeur à ce monument et de rendre hommage comme il se doit à ce nancéien célèbre ». Mais quel dommage, la voilà déjà taguée de toute part 🙁 |
Titres et Honneurs
-Chevalier de la Légion d’honneur le 5 août 1804 (18 thermidor an XII)
-Officier de la Légion légion d’honneur le 9 juillet 1809 (bataille de Wagram)
Commandeur de la Légion d’honneur le 26 septembre 1812 (bataille de la Moskova)
-Baron de l’Empire le 14 mars 1810
-Comte de l’Empire le 24 octobre 1813
-Grand officier de la Légion d’honneur le 23 mars 1814
-Chevalier de Saint-Louis le 8 juillet 1814
-Pair de France le 2 juin 1815 (Cent-jours)
-Grand-croix de la légion d’honneur le 18 octobre 183012
-Pair de France le 19 novembre 1831 (monarchie de Juillet)
-Paris lui a dédié une rue, située dans le quartier de la Grange-Batelière, et une station de métro. Son nom est gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile.
Mulhouse lui a dédié un quartier.
-Un timbre postal à son effigie, d’une valeur de 0,30 + 0,10 franc, a été émis par la poste française le 22 mai 196113.