Emilie du Châtelet – Lunéville lui consacre une exposition, des animations et un opéra, jusqu’en septembre 2017

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« Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérite moins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante […­] Elle ne parlait jamais de sciences qu’à ceux avec qui elle croyait pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se faire remarquer. »
Voltaire.

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Emilie du Châtelet, née en 1706, est morte et enterrée à Lunéville le 10 septembre 1749 a laissé une trace indélébile sur le territoire.

La Communauté de Communes du Lunévillois rendhommage à une femme exceptionnelle, une femme qui a marqué l’Histoire de notre territoire, une femme qui excellait dans de nombreux domaines : les sciences, les arts, les lettres mais aussi l’ameublement intérieur, les bijoux, la musique…

C’était en novembre à Lunéville, invitée par Jean-Louis Janin-Daviet, commissaire de cette exposition, je découvrais le cadre de ce qui allait se jouer dans les mois à venir …

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Jusqu’en septembre 2017, à travers une exposition d’envergure et la reconstitution d’un opéra d’époque mais également grâce un cycle d’animations aussi riche que varié, la Communauté de Communes du Lunévillois transmet au public l’univers de cette femme si moderne pour son époque.

Sa vie et ses passions vous emmèneront à travers le Siècle des Lumières, à la cour de Lorraine, à Lunéville.

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Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, communément appelée Émilie du Châtelet, est née le 17 décembre à Paris en 1706 et est morte à Lunéville en 1749.

Mathématicienne, femme de lettres et physicienne française, elle est renommée pour la traduction en français des Principia Mathematica de Newton qui fait encore autorité aujourd’hui. Elle-même expérimentatrice, elle a contribué non seulement à populariser en France l’œuvre du physicien Leibniz, mais a aussi démontré par l’expérience que l’énergie cinétique (appelée à l’époque « force vive »), était bien proportionnelle, comme il l’avait formulé, à la masse et au carré de la vitesse. Voltaire, avec qui elle entretint une liaison de quinze ans, l’encouragea à poursuivre ses recherches scientifiques.
Fille de Louis Nicolas Le Tonnelier, baron de Breteuil, introducteur des Ambassadeurs de Louis XIV et de Gabrielle Anne de Froulay, Émilie vit dans un milieu ouvert. Elle doit à son père une éducation qui n’est alors que rarement dispensée aux filles. Lui-même lui enseigne le latin et, douée pour les études, elle apprend également le grec ancien et l’allemand. Douée aussi pour la musique, elle apprend à jouer du clavecin. Aimant la danse et le théâtre, qu’elle pratique en amateur, elle aime aussi chanter l’opéra.

Présentée à seize ans à la cour du Régent par son père, elle est séduite par les plaisirs que cette vie offre.
Elle est mariée le 12 juin 1725 au marquis Florent Claude du Châtelet (ou du Chastellet).
Celui-ci a trente ans et elle dix-neuf. Le marquis, pris par sa carrière militaire, ne voit sa femme que très rarement. Se rendant compte de ses propres limites autant que des capacités intellectuelles de sa femme, son mari la laisse vivre librement.
Ils ont trois enfants : Gabrielle- Pauline, née le 30 juin 1726, Louis Marie Florent du Châtelet (1727- guillotiné en 1793) et Victor- Esprit, né en 1734, mort au berceau.


Émilie a été la maîtresse du marquis de Guébriant et comme un nombre important de dames de cette époque du maréchal de Richelieu ; l’assiduité et le goût de l’étude qu’elle montre avec précocité ne l’empêchant pas de mener la vie volage d’une dame noble sous la Régence.

Elle fait la connaissance de Voltaire en 1734, alors qu’il est en disgrâce ; elle l’accueille chez elle, dans son château de Cirey (Cirey-sur-Blaise) : il a trente-neuf ans et elle vingt-sept, leur liaison va durer quinze ans. C’est lui qui la pousse à traduire Newton et qui l’aide à prendre conscience de la liberté de penser par elle-même dont elle dispose.


De ses divers amants, c’est Voltaire qui eut le plus d’influence sur elle
, l’encourageant à approfondir ses connaissances en physique et en mathématiques, matières pour lesquelles il lui reconnaissait des aptitudes particulières, la considérant supérieure à lui-même en ce domaine de la « Philosophie Naturelle », car c’est ainsi qu’on appelait à l’époque les sciences physiques. Dans un domaine qui fut longtemps presque exclusivement masculin, Émilie du Châtelet est considérée comme l’une des premières femmes scientifiques d’influence dont on ait conservé les écrits.

A son arrivée à Lunéville, à la cour de Stanislas Leszczyński, en 1746, Émilie s’éprend du poète Saint-Lambert et délaisse Voltaire avec lequel elle restera toutefois liée d’amitié. Trois ans plus tard, après une grossesse difficile, elle donne naissance à une fille dans la nuit du 3 au 4 septembre 1749, mais l’enfant et sa mère meurent six jours plus tard. Saint-Lambert et Voltaire l’assistent jusqu’au bout. Émilie du Châtelet repose en l’église paroissiale Saint-Jacques de Lunéville.

C’est Voltaire qui se charge de faire publier la fameuse traduction que son amie avait faite du traité de Newton et qu’elle avait envoyée à la bibliothèque du roi, comme si elle avait pressenti sa fin prochaine. Elle était amie avec Françoise de Graffigny, cette dernière vint un temps au château de Cirey dans la période où Voltaire y séjournait également. Elle fut membre de l’Académie de Stanislas ainsi que l’Académie des sciences de l’institut de Bologne.

On doit à Élisabeth Badinter une étude approfondie sur Émilie du Châtelet, selon elle, Émilie avait quelque chose de viril, d’androgyne et c’est pourquoi elle en rajoutait sur l’apparence, fanfreluches et maquillage.

Si elle est reconnue dans le monde des savants, la marquise du Châtelet suscite des écrits assez acerbes de la part de certains de ses contemporains : elle est souvent décrite comme une femme laide, et d’un certain orgueil.

Ainsi, sous la plume de la marquise du Deffand  :
    « Représentez-vous une femme grande et sèche, le teint échauffé, le visage maigre, le nez pointu, de petits yeux vert de mer, sans hanches, la poitrine étroite, de gros bras, de grosses jambes, des pieds énormes. Le rire glapissant, la bouche plate, les dents clairsemées et extrêmement gâtées. Comme elle veut être belle en dépit de la nature, et qu’elle veut être magnifique en dépit de la fortune, elle est obligée, pour se donner le superflu, de se priver de bien du nécessaire, tels que chemises, mouchoirs. Et sans talents, sans mémoire, sans goût, sans imagination, elle s’est faite géomètre pour paraître au-dessus des autres femmes, ne doutant pas que la singularité ne donnât la supériorité. On la regarde comme une princesse de théâtre et l’on a presque oublié qu’elle est femme de condition. […] On dit qu’elle étudie la géométrie pour parvenir à entendre ses livres. La science est un problème difficile à résoudre : elle en parle comme Sganarelle parlait latin devant ceux qui ne le savaient pas… […] Quelque célèbre que soit madame du Châtelet, elle ne serait pas satisfaite si elle n’était pas célébrée, et c’est encore à quoi elle est parvenue en devenant l’amie déclarée de M. de Voltaire ; c’est lui qui donne de l’éclat à sa vie et c’est à lui qu’elle devra l’immortalité. »

A l’inverse, Madame du Châtelet était admirée par nombre de ses contemporains. Ainsi, peut-on lire sous la plume de Voltaire :
    « Jamais une femme ne fut si savante qu’elle, et jamais personne ne mérita moins qu’on dît d’elle : c’est une femme savante. […] Elle ne parlait jamais de science qu’à ceux avec qui elle croyait pouvoir s’instruire, et jamais n’en parla pour se faire remarquer. »

Ou le Journal des savants :
    « Quel encouragement pour ceux qui les cultivent [les sciences], de voir une Dame qui, pouvant plaire dans le monde, a mieux aimé s’instruire dans sa retraite, qui dans un âge où les plaisirs s’offrent en foule, préfère à leur erreur malheureusement si douce, la recherche de la vérité toujours si pénible, qui, alliant enfin la force aux grâces de l’esprit et de la figure, n’est point arrêtée par ce que les sciences ont de plus abstrait. »

Voltaire, affecté par la mort d’Émilie, écrira à Frédéric II, roi de Prusse, le 15 octobre 1749 :
    « J’ay perdu un amy de vingt-cinq années, un grand homme qui n’avoit de défaut que d’être une femme, et que tout Paris regrette et honore. »

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L’exposition, de mai à septembre 2017

L’exposition nous replonge dans le « Lunéville des Lumières !
Vivre au temps d’Emilie du Châtelet, découvrir l’univers riche et raffiné du XVIIIème siècle, les jardins de l’époque, la mode, l’art de recevoir… « .

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Grâce à l’inventaire acquis par la collectivité en 2012, nous découvrirons Emilie sous ces différentes facettes, toutes plus étonnantes et passionnantes : femme de Sciences, femme des Arts, femme de musique ou femme à la pointe de l’élégance !


Les sciences

Elle sera symbolisée par sa grande traduction de Newton et les recherches scientifiques  et mathématiques qu’elle a réalisées.
De nombreux objets scientifiques seront exposés : sphère, microscope, mappemonde, livres rares de son époque, écrits, dessins, et tant d’autres choses…

Nous découvrirons également la reconstitution d’un cabinet des sciences : de magnifiques prêts d’objets scientifiques du XVIIIè siècle, des cartes, le tout dans l’esprit si particulier de l’univers des Lumières.


Les arts

Emilie est une femme d’intérieur et de décor. Elle aménage son château de Cirey-sur-Blaise, aujourd’hui en Haute-Marne, ainsi que ses jardins. Une reconstitution de cet aménagement sera réalisée au sein des jardins de l’Hôtel abbatial. Elle s’approvisionne chez les marchands merciers de Paris et de Lunéville, elle achète mille choses, raffinées et à la mode.
Ses inventaires acquis par la CCL et présentés pour la première fois au public, ouvriront les portes de toutes ses passions esthétiques : porcelaine de Meissen, porcelaine de Saint-Cloud, faïence fine de Lunéville, de Niderviller, argenterie, tissus, meubles de grands ébénistes, tableaux, gravures, livres…..

Un cabinet de toilette, des cuisines, un fruitier, une chambre… Pénétrez dans les appartements d’Emilie au temps de Louis XV et du Roi Stanislas.

La musique
 
Au cœur de l’hôtel Abbatial sera reconstitué un salon de musique du XVIIIe siècle avec instruments d’époque parfaitement utilisables et concert de clavecin ( un très rare clavecin Franco Flamand ainsi qu’un  clavicorde et tant d’autres instruments )…

Cette facette d’Emilie prendra également tout son sens grâce à l’exceptionnel travail de reconstitution de la « Pastorale d’Issé » au sein de laquelle Emilie du Châtelet possédait le rôle principal.

Cet opéra de l’époque entièrement traduit et adapté, sera présenté en juin 2016 (plusieurs représentations).


La mode

Grande consommatrice de mode, en témoigneront de nombreuses factures de commande de toilettes à des grands faiseurs de l’époque, Emilie n’hésitera jamais : toujours de beaux matériaux, des étoffes rares, des cuirs précieux, des diamants, des boutonnières en diamants, de la fourrure, des rubans…
Elle aime l’essence de lavande et les crèmes.
Elle utilise les boîtes à mouches et des perruques poudrées ornées de perles, aigrettes et rubans. Pour matérialiser cette facette d’Emilie, de nombreux documents originaux, attestant de ses achats compulsifs et incroyables, seront exposés.

Des robes de 1747 avec modèle à la française ou modèle « à la Watteau » seront présentées. Engageantes dentelles, rubans, tissus d’époques, catalogue de merciers, éventails, perruques, boites à mouche, et documents d’époque reflètent cette passion. Des portraits, des gravures présenteront cette élégance féminine.

Une très belle collection de miniatures représentant les femmes du XVIIIè siècle, qui dans la suite d’Emilie, se “libèrent”.

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Issé, un opéra
2, 3 et 4 juin 2017

Emilie est une femme des Arts et plus particulièrement une femme « de musique » : elle chante, elle danse, elle joue la comédie et se passionne pour cet univers créatif qui l’inspire.

 « Emerveillé, Stanislas lui promit toutes les représentations qu’elle souhaiterait organiser. »

Gilbert Mercier, écrivain

Elle aura le rôle titre dans la Pastorale d’Issé, genre musical qui s’apparente aujourd’hui à un opéra.

Issé est liée à l’histoire de la Lorraine puisque cette pastorale héroïque fut créée en 1697 à Fontainebleau pour le mariage de Louis de France et de Marie Adélaïde (de ce mariage naîtra le traité de Ryswick redonnant l’indépendance à la Lorraine).


En 1748, c’est Emilie du Châtelet qui interprétera Issé au théâtre du château de la cour de Stanislas, pour 3 représentations.

230 ans après sa création, dans les mêmes lieux qu’à l’époque, cette œuvre musicale sera recréée, remplie de charme bucolique et d’amour, Issé sera jouée les 2,3 et 4 juin 2017 au théâtre de la Méridienne.

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Animations, conférences,  et ateliers
du 19 novembre 2016 à septembre 2017.

La Communauté de Communes du Lunévillois a souhaité développer un programme d’animations riche et variés, permettant au public de s’approprier encore plus la vie au temps d’Emilie, à Lunéville, au château, au siècle des Lumières.

Coudre des costumes 18ème, découvrir la musique ou les danses de l’époque, les instruments utilisés… Comment s’habillaient les femmes, l’esprit « rococo », les coiffures… La décoration intérieure, les jardins, les bijoux…

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Infos pratiques

Exposition de mai à septembre 2017

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image La Lorraine se dévoile

Hôtel abbatial de Lunéville
1 place Saint-Rémy, en face de l’église Saint-Jacques et de l’Hôtel de ville

 

Consulter le programme de cette expositionici

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