histoire de rues – le Grand Rabbin Haguenauer
Cette rue remonte à la création de la Ville Neuve de Charles III …
La rue du Grand Rabbin Hagenauer formait, avec les rues Chanzy et Léopold Lallement, la cinquième Grande Rue.
La restructuration totale du quartier Saint Sébastien de 1962 à 1976, a profondément altéré la physionomie primitive de cette rue.
Beaucoup plus large aujourd’hui que dans les siècles passés, elle est maintenant l’axe principal d’un nouveau quartier, bordé, en plein centre ville, d’immeubles gigantesques et de tours : centre commercial (1976), Palais des Congrès (1973-1976)…
II y eut jadis, dans cette rue :
–la chapelle des pénitents noirs, établie en 1731, à l’angle Ouest de la rue Saint Thiébaut ;
-un cimetière, dit cimetière Saint Roch se trouva, de 1673 à 1769, à l’emplacement du groupe scolaire Guynemer.
Sur ce cimetière, on construisit, en 1774, un manège d’équitation pour la caserne de cavalerie Saint-Jean, qui était voisine;
-la synagogue, fut installée pour la première fois à Nancy, avec entrée par cette rue, en 1747. Elle fut reconstruite en 1787, agrandie au XIX° siècle et reconstruite à nouveau en 1934. Entrée actuelle par le boulevard offre.
La rue porta les noms de :
-rue Saint-François
-rue des Juifs (au XVIII° siècle, beaucoup de juifs nancéiens habitèrent cette rue)
-rue des Pénitents
-rue de l’Equitation de 1774 à 1948.
Le 19 septembre 1948, elle est débaptisée en l’honneur du Grand Rabbin Hagenauerer.
source http://www.nancy-webtv.com/
Paul Haguenauer, né à Bergheim (Haut-Rhin) en 1871, est le fils aîné du second mariage de Benjamin Haguenauer, courtier, brocanteur, boucher, cultivateur et de Rosalie Neumann. Il a neuf demi-frères ou sœurs et trois frères ou sœurs. Il est le cousin du rabbin Abraham Meyer.
Né au lendemain immédiat de la défaite de 1870, il use du droit d’opter pour la nationalité française accordé par traité aux jeunes Alsaciens nés peu après l’annexion – quitte à être interdits de séjour en Alsace annexée
Il se rend à Paris en 1889, l’année de la mort de son père, pour entreprendre des études rabbiniques au Séminaire israélite de France (SIF). Il est diplômé rabbin en 1895.
Rabbin à Remiremont, en 1898, il prit possession de son premier poste en pleine affaire Dreyfus.
Paul Haguenhauer eut maille à partir avec les journaux d’opposition. notamment l’Action Française. qui, plus d’une fois, le dénonça comme « mauvais patriote ».
En 1899, il épouse Noémie Lévy (née le 19 février 1876 à Sainte-Marie-aux-Mines). Ils ont deux fils : Camille, né en 1900, et Robert, né en 1908.
Nommé grand rabbin de Constantine en 1901, il arriva dans cette communauté dans des conditions, encore une fois, des plus difficiles : en pleine effervescence antisémite.
Des émeutes fréquentes agitaient la région ; il se jeta dans la mêlée, défendant ses fidèles avec un zèle infatigable : le Gouvernement de la République le récompensa de ses interventions courageuses en lui décernant la Médaille d’argent du Courage.
Le Bey de Tunis lui accorda la Croix du Nicham-Iftikar.
Grand rabbin de Besançon en 1907, il se concilia, par ses brillantes et profondes qualités, l’affection de toute sa communauté, qu’il dut quitter le 2 août 1914, comme aumônier militaire.
Pour son action héroïque lors des combats devant Montdidier de juin à août 1918, il reçoit la médaille militaire ainsi que la Légion d’honneur à titre militaire.
Grand rabbin de Nancy, en septembre 1919, il s’y imposa immédiatement, donnant un essor chaque jour plus grand à toutes les institutions cultuelles et sociales de la communauté. Il conquit une popularité qui s’étendit auprès des autorités civiles et militaires. Il crée la Société des filles de Sion ainsi que celle d’Aide aux réfugiés.
Elevé au rang d’officier de la Légion d’honneur en 1929, le préfet de Meurthe-et-Moselle lui tresse de belles louanges administratives : « M. le Grand Rabbin Haguenaueur est une personnalité nancéienne très estimée dans tous les milieux et dont le talent d’orateur, le loyalisme républicain et le dévouement patriotique me sont connus depuis longtemps ».
Paul Haguenauer a eu une activité scientifique et littéraire importante, et l’Annuaire des Archives Israélites a publié de lui de nombreuses notices. Il fonda, à Nancy, la Revue de Lorraine, Bulletin des Communautés de l’Est, dont il était l’animateur infatigable.
Quand se déclencha la grande guerre de 1939, il demeura fidèle à son poste.
Interné avec sa femme du 2 au 30 mars 1944 au Centre de séjour surveillé d’Écrouves, puis à Drancy, il part en déportation le 13 avril suivant par le convoi n°71 ; les témoignages divergent et sont impossibles à recouper : est-il mort dans le train de déportation ou a-t-il été gazé à l’arrivée à Auschwitz le 16 avril 1944.
L’émouvante cérémonie du 26 mai 1946, célébrée dans la synagogue de Nancy à la mémoire des victimes de la barbarie allemande dans la Meurthe-et-Moselle, en présence de toutes les autorités civiles et religieuses de la région, restera un témoignage magnifique du respect, de la popularité qui l’entouraient.
Merci au site Judaïsme d’Alsace et de Lorraine et Wikipedia !