la place Charles III au fil du temps
Hier, le marché de Noël de Nancy a fermé ses volets.
Pendant un mois la place Charles III récemment rénovée a accueilli la cinquantaine de chalets qui l’illuminaient pour la première fois de leurs lumières festives.
Cette place nous offre pêle-mêle, une église baroque, un marché central du XIXème, un centre commercial typique des années 1970, un parking … un ensemble pour le moins hétéroclite
Déroulons le fil de l’histoire, celui de cette place cœur de la ville neuve.
________________________________________
Le Moyen-Age
Au XIe siècle, le duc Gérard Ier établit dans ce qui est alors un hameau carolingien, son »Castrum Nanceium », château fort qui va devenir rapidement le centre administratif du Duché de Lorraine.
Après le terrible incendie de 1218 (au cours de la Guerre de Succession de Champagne, sous le règne du duc Thiébaud Ier, la ville est totalement incendiée par l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen), Mathieu II et ses successeurs participent activement à la reconstruction de la ville.
Ceinte de remparts au XIVe siècle, Nancy eut à subir le siège de Charles le Téméraire en 1475.
________________________________________
La Renaissance
A partir du XVIe siècle, les Ducs de Lorraine en font leur capitale, René II, Antoine, puis Charles III l’entourent d’une enceinte bastionnée et multiplient les constructions, en particulier le Palais Ducal.
Charles III de Lorraine (Nancy, 18 février 1543 – Nancy, 14 mai 1608) fut duc de Lorraine et de Bar.
Charles III de Lorraine, d’après François Clouet
Il régna sur le duché de Lorraine pendant 63 ans.
Il était le fils du duc François Ier et de Christine de Danemark, nièce de l’empereur Charles Quint.
À son avènement à l’âge de deux ans, sa mère et son oncle l’évêque de Metz sont déclarés conjointement régents. Placé ensuite sous la tutelle du roi Henri II de France, il est élevé à la cour des Valois C’est un acteur important des guerres de religion en tant qu’allié du royaume de France, en tant que beau-frère des rois de France et en tant que cousin des Guise, chefs du parti catholique.
En tant que descendant de Gérard d’Alsace, il aurait dû être « numéroté » Charles II de Lorraine, mais les historiographes lorrains, voulant établir la légitimité des ducs de Lorraine et de leurs cousins les Guises et les rattacher directement aux carolingiens.
En 1559 Charles III, âgé de 16 ans épouse Claude de France ( qui en a 12 ), fille cadette d’Henri II et de Catherine de Médicis, et est à l’occasion déclaré majeur.
Le roi de France lui permet dès lors retourner dans ses états.
Le jeune couple ducal, suivi de la cour de France, entre dans Nancy en octobre 1559.
Charles III mourut en 1608 à l’âge de 65 ans.
Il fonde notamment en 1572, l’université de Pont-à-Mousson et fixe à partir de 1580 le début de l’année au 1er janvier.
La pompe funèbre de Charles III, l’une des cérémonies les plus fastueuses de son temps, comparée au couronnement d’un empereur germanique ou au sacre d’un roi de France, fit l’objet de gravures, aujourd’hui exposées au Musée lorrain à Nancy.
C’est en 1587 que Charles III projeta la construction d’une « ville neuve » au sud de la ville médiévale, quatre fois plus grande en superficie que la ville-vieille.
Nancy fut en chantier pendant 20 ans.
LA PLACE, alors nommée Place de l’Hôtel de Ville est conçue comme le centre urbain de la ville-neuve de Nancy.
C’est déjà un pôle commerçant très dynamique.
Dès sa création, elle abrite le marché couvert de Nancy, ainsi que l’hôtel de ville de Nancy, jusqu’à sa destruction et son transfert place Stanislas au XVIIIe siècle.
___________________
Lorsque Stanislas, vers 1750, envisage un instant de bâtir une place Royale en lieu et place, les édiles et les commerçants le contraignent à reconsidérer le projet ….
La place Royale trouvera finalement son emplacement, pour le bonheur de tous, dans l’espace de liaison entre les deux villes, Vieille et Neuve.
____________________________________
Par décision du duc Charles III de Lorraine, il fut décidé d’y établir trois paroisses qui auraient pour patrons saint Sébastien, saint Roch et saint Nicolas.
Le 21 novembre 1593, la paroisse Saint-Sébastien est créée dans cette Ville-Neuve de Nancy.
L’église primitive
plan de 1611 : fontaine (47), marché au blé (40), l’église st-Sébastien (7)
Cette chapelle primitive est construite en trois mois pendant l’année 1603, et dédiée à saint Sébastien invoqué face aux épidémies, notamment la peste qui ravage alors la région.
De cette première construction, ne subsiste que le retable du maître-autel, encore visible à l’église des Cordeliers de Nancy.
Cette modeste église a son entrée principale côté ouest. Une première tour est édifiée en 1682, celle de gauche en regardant la façade actuelle.
Après plusieurs transformations cette église, par manque d’entretien, se détériore et sera finalement en grande partie abattue en 1719.
Le Duc Léopold dote la place de l’église actuelle, un des plus beaux édifices religieux 18ème de la région, d’inspiration baroque, l’architecte est nancéien : Jean-Nicolas Jennesson (1686-1755).
Comme beaucoup d’édifices religieux, l’église Saint-Sébastien a souffert des troubles révolutionnaires notamment en 1792. L’église désacralisée sert d’asile d’aliéné, en 1794, puis de magasin de paille. Ce n’est qu’après le concordat, en 1801, que l’édifice est rendu au culte.
Au-dessus de la porte, un orgue de la maison Dalstein-Haerpfer a été réalisé en 1879.
Cet orgue est le plus grand instrument à traction mécanique réalisé par cette firme, et reste indéniablement son chef-d’œuvre. Il est, avec le grand orgue de la cathédrale, l’un des instruments majeurs de la ville de Nancy.
Depuis 1998, l’église est confiée à la communauté jésuite par l’évêque de Nancy.
Elle fait partie maintenant de la paroisse du centre ville Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle qui comprend cinq lieux de culte, et dont la cathédrale reste l’église principale.
Elle est classée aux monuments historiques par un arrêté du 6 juillet 1921.
___________________
Lors de la création de la ville-Neuve par le duc Charles III de Lorraine, l’emplacement d’un marché de plein air est prévu sur l’esplanade jouxtant la rue Saint-Dizier.
Depuis plus de quatre siècles, le marché occupe ce même emplacement.
La place prend le nom de Place du Marché.
Auparavant, le marché était situé aux halles de la place Saint-Epvre en Vieille-Ville.
Le bâtiment actuel, en forme de « U », date de 1848 et permit d’abriter un marché de plein air vieux de 250 ans.
Les façades en pierre du bâtiment datent du milieu du XIXème siècle.
Plus tard, un marché vestimentaire s’installe.
La place prend le nom de place Henri Mengin (maire de Nancy de 1919 à 1925).
Dans les années 1960, la cour centrale est couverte pour former une halle centrale : marché central ou marché couvert deviennent les deux appellations du marché de Nancy.
Le bâtiment été rénové en 2003-2006.
_________________________
Ce quartier populaire au sud du centre-ville a fait l’objet dans les années 1970 d’un vaste projet immobilier, on pourrait évoquer une frénésie dévastatrice !
photo archives Est Républicain
On rasa l’ensemble des habitations constitué en grande partie par des maisons du XVIIe siècle, comme par exemple la maison de Jean Lamour, située au 32 rue Notre-Dame.
… pour laisser place au centre commercial Saint Sébastien.
Il est construit sur l’emplacement de nombreux immeubles insalubres, entre 1975 et 1976, il ouvre au public en mars 1976.
La surface totale est de 48 000 m² et il est construit sur cinq niveaux dont un sous-sol, deux niveaux dédiés au commerce et deux niveaux de parking. Le centre accueille plus de 105 boutiques, une des locomotives commerçantes de la ville.
Puis c’est la construction du parking urbain sous la place.
_______________
Enfin en 2012, c’est la place elle-même qui est rénovée.
La place couvre une surface de 12000m², un rectangle de 150m par 80m.
Repavée, elle est mise en lumière par le scénographe Patrick Rimoux , reconnu internationalement pour ses interventions à Paris, Bruxelles, Taiwan…
Elle retrouve aujourd’hui sa dimension symbolique et stratégique d’origine.
Cette place, large et aérée, bordé de boutiques, de restaurants, des marchés et du centre commercial saint Sébastien est l’incontournable cœur battant de la Ville Neuve.
La place Henri Mengin prend alors le nom du fondateur de la ville Neuve, le duc Charles III.
Cet hiver pour la première fois elle a accueilli le marché de Noël de la Ville de Nancy, organisé par Les Vitrines de Nancy.
______________________
Un remerciement tout particulier à Jean-Pierre Puton et le Centre Image Lorrain, pour beaucoup d’images de cette chronique !
J’ai puisé dans l’histoire sur plusieurs sites, les voici !
http://claude.fourcaulx.free.fr
http://www.en-lorraine.com
http://guebel.net/
http://marchecentralnancy.fr/
http://jcb1.pagesperso-orange.fr/
http://www.estrepublicain.fr
16 février 2018 at 22 h 43 min
Merci à JP PUTON qui m’a rappelé mon enfance lorsque j’allais au marché avec ma grand mère J’adore revoir tous ces quartiers où je me suis tellement promenée