visite inédite à l’Hôtel Ferraris

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On croirait la couverture d’un magnifique magazine d’architecture. A Nancy, rue du Haut Bourgeois en Vieille Ville, derrière une façade plutôt discrète, voici l’Hôtel Ferraris.
Il est attribué à Germain Boffrand, nommé « Premier Architecte » du duc Léopold Ier en 1711.

nancy architecture horel ferraris germain boffrand rue du haut bourgeois

Depuis 1976, l’Hôtel Ferraris abrite aujourd’hui le siège du Service régional de l’Inventaire Général de Lorraine..  Depuis 2008, il est classé en totalité au titre des monuments historiques.

C’est principalement lors des Journées du Patrimoine que nous pouvons le découvrir, madame Bouvet, conservatrice du lieu, assure une partie des visites commentées.
Ce fut très intéressant…

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/GermainBoffrandPortrait.jpg/150px-GermainBoffrandPortrait.jpg  Relire la page NancyBuzz sur Germain Boffrandici

 A Nancy, les principales réalisations dues à Boffrand pour la noblesse, sont les suivantes :

L’hôtel Mahuet de Lupcourt rue Saint-Dizier
L’hôtel de Fontenoy ou de Vitrimont, siège administratif de la cour d’appel de Nancyl’hôtel  Ferraris (ou Ferrari ou Ferrary) construit après 1715 pour Louis de Ferrari, d’origine italienne, aujourd’hui siège de l’inventaire des monuments historiques de la DRAC de Lorraine.
L’hôtel de Beauvau-Craon pour Marc de Beauvau, aujourd’hui Cours d’appel.
L’hôtel des loups, rue des loups.
-Il intervient aussi pour les Châteaux de Lunéville et d’Haroué, le Palais Ducal.
Et … l’hôtel de Custines construit pour le Marquis de Custines, gouverneur de Nancy, devenu ensuite hôtel de Ludre, situé place des Dames / place du Colonel Fabien, puis trésorerie municipale.
-Il participa à la construction et la décoration de la cathédrale Notre-Dame-de- l’Annonciation, primatiale et basilique de Nancy.

L’Hôtel Ferraris

L’Hôtel Ferraris est construit vers 1722, proche du Palais Ducal où demeurait le duc Léopold quand il ne résidait pas au Château de Lunéville. Son commanditaire est Louis de Ferraris, originaire d’Italie.
Louis de Ferraris, issu d’une famille du nord de l’Italie, était au service du duc Charles V de Lorraine exilé par l’invasion française. Son fils Léopold étant rentré dans ses états lorrains y introduisit Louis de Ferraris qui s’intégra à la noblesse locale en épousant Anne-Charlotte de Fontette, demoiselle d’honneur de la duchesse de Lorraine.

hotel ferraris nancy germain boffrand rue du haut bourgeois
plan de l'hotel ferraris nancy

Le plan montre le savoir-faire de Germain Boffrand qui réalisa un édifice régulier sur une parcelle trapézoïdale.
Le principe de hiérarchie des corps de bâtiment est visible avec un volume réduit pour les corps de service, à l’arrière.

Visiteurs et domesticité ne se croisent jamais.
Les beaux salons sont distribués sur la rue en enfilade. A l’arrière des salons plus petits pour la famille, et plus faciles à chauffer avec leurs cheminées.

Au premier étage du corps principal et de l’aile gauche sont disposés en enfilade quatre salons, desservis par l’escalier d’honneur et un escalier secondaire. Ils ont conservé leurs lambris d’appui du 18e siècle ainsi que leurs parquets à point de Hongrie et de Versailles.
L’enfilade des grands salons présente une suite de pièces : antichambre classique ; salon Directoire puis un grand salon de style Empire aux portes décorées de victoires antiques copiées à La Malmaison ; enfin, de petits salons de facture Louis XV.
Le décor a été remanié au début du 19e siècle avec frises de plafond, cheminées et glaces. Le grand salon s’orne de stucs dorés attribués à Joseph Beunat.

couloir hotel ferraris nancy

A l’étage, à l’arrière du bâtiment un long couloir de service surplombe la cour.
En se promenant dans la rue du Petit Bourgeois on remarquera l’encorbellement qui le termine.

decor hotel ferraris

Sur la rue, peu de décors, mais cette tête de Neptune grimaçant est particulière 🙂

Le grand porche d’accès de la demeure est timbré par un mascaron représentant Saturne, et dominé par un élégant balcon soutenu par des consoles ouvragées, lui-même surplombé par un fronton triangulaire et un cartouche rocaille.

Ce cartouche a été expurgé des armes des Ferraris durant la Révolution mais son support, constitué de gracieux chiens de Fô (en fait des dragons légendaires !) inspirés de l’art chinois, a subsisté.

hotel ferraris nancy germain boffrand rue du haut bourgeois
cour de l'Hotel ferraris nancy

Au fond de la cour, une fontaine richement sculptée avec un décor peint qui évoque celui d’une grotte de jardin, avec la représentation de coquillages et rocailles.
Au centre, les deux groupes d’enfants joueurs qui accompagnaient la statue de Neptune ont été vendus en 1927.

Au dessus de la fontaine, la fenêtre du couloir.

cour de l'hotel ferraris nancy

La cour s’orne d’un joli puits rehaussé d’un visage de femme souriant, dont les tresses sont nouées sous le cou ; la niche du puits s’adosse à l’imposante cuisine au sol de pierre et dotée d’une cheminée au vaste manteau.

nancy architecture horel ferraris germain boffrand rue du haut bourgeois

En passant le porche, immédiatement à droite s’ouvre le majestueux escalier, orné d’une grille de Jean Lamour, qui prend toute la largeur du corps principal.
La structure est portée par des barres de fer fichées et à l’abri dans la maçonnerie.
Le sol est pavé de calcaire blanc et de bouchons de pierres noires comme c’était l’usage au XVIIIe siècle.

La famille Ferraris voulu rappeler ses origines italiennes en marquant sa demeure de ses armoiries constituées par les lys de Florence. On retrouve cette fleur au balcon de la façade, sous le porche et en cul-de-lampe de l’escalier d’honneur ainsi que le long de sa rampe en alternance avec le chiffre des Ferraris-Fontette.

f entrelacés de l'escalier de l'hotel ferraris à nancy

Les initiales des époux, des « F affrontés », se remarquent sur la ferronnerie de la rampe de l’escalier.

Le plafond de l’escalier monumental s’ouvre en son centre sur l’étage supérieur avec un exceptionnel décor en trompe l’oeil.

plafond de l'hôtel ferraris à nancy

La découpe du jour faite de courbes et de contre-courbes d’inspiration baroque s’ouvre sur la perspective du plafond du deuxième étage peint d’une nuée peuplée d’oiseaux des îles et de têtes de putti (enfants nus dans les représentations artistiques. Notamment un terme de l’ornementation architecturale italienne qui désigne sur une façade la statue d’un nourrisson joufflu et moqueur.)

Si un doute existe sur la datation du deuxième plafond, qui pourrait avoir été refait au XIXe siècle, celui du premier est encore dans son état d’origine et attribué à Giacomo Barilli (1723).

plafond de barilli hotel ferraris nancy

La maison étant ensuite passée entre les mains de la famille de Vioménil, sous l’Empire, le plafond nuagé du grand escalier fut doté d’un aigle de tôle peinte dont la tête suivait les indications de la girouette du toit.

Les prochaines journées du patrimoine sont encore loin, mais il vous est possible de passer le porche et d’admirer l’escalier monumental pour un voyage fabuleux au temps de Léopold …

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