De l’Italie à la Lorraine – histoire de la bergamote
Tradition, patrimoine, agrume, confiserie, elle est tout cela à la fois !
Mais connaissons-nous le chemin qui a mené la bergamote jusqu’au XXIème siècle ?
La bergamote – du turc berg-armadé ou poire du seigneur – est un agrume ressemblant au citron vert.
Son origine est incertaine ; pour certains botanistes, il serait issu d’un croisement entre une orange amère et un citron vert. Pour d’autres, ce serait un hybride apparu accidentellement à partir d’un citronnier entre les XIV et XV siècles.
Les arbres bergamotiers (famille des rutacées) aiment les régions chaudes : la majorité des plantations de bergamotiers est située en Calabre, dans le sud de l’Italie.
C’est dans cette région qu’est extraite la meilleure essence de bergamote, celle qui donne son goût incomparable à la Bergamote de Nancy.
On la récolte principalement de fin novembre à février.
L’essence naturelle est extraite de l’écorce du fruit du bergamotier. On la recueille après avoir pressuré plusieurs fois l’écorce.
Cette essence est utilisée dans la parfumerie, la cosmétique, le thé et bien sûr, pour créer la saveur de la Bergamote de Nancy…
La Bergamote aurait-elle tiré son nom de la ville de Bergame ? on raconte plutôt que René 1er d’Anjou, devenu duc de Lorraine en 1431 avait, lors de ses campagnes d’Italie, découvert la bergamote en séjournant dans une abbaye proche de Bergame où les moines distillaient principalement des bergamotes provenant de Calabre.
La maison d’Anjou fut à la tête du royaume de Sicile jusqu’en 1480, île au climat favorable aux bergamotiers.
Durant tout le Moyen Âge, les bergamotes étaient acheminées d’Italie par les pèlerins qui se rendaient à la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy.
Le Sieur Joseph Gilliers, chef d’office et distillateur de Stanislas Leszczynski au château de Lunéville, cite en 1751 dans son ouvrage « Le Cannaméliste Français », une pastille faite avec de l’essence de bergamote « pour donner le goût », et dont le duc de Lorraine aurait été très friand.
La révolution française et le blocus du sucre imposé par les anglais à Napoléon donne un coup d’arrêt à l’usage de l’essence de bergamote et à l’industrie de la confiserie. Il faudra attendre l’arrivée du sucre de betterave pour relancer cette activité.
En 1845, Jean-Frédéric Godefroy Lillich, un confiseur originaire du Wurtemberg, ouvre une boutique de pâtisserie-confiserie au 31, rue du Pont-Mouja à Nancy.
En 1850 sur l’idée d’un ami parfumeur, Lillich marie l’essence de bergamote au sucre cuit et donne au bonbon sa forme carrée.
Naturalisé français en 1873, Jean-Frédéric Godefroy Lillich francise son nom en Lillig.
En 1879, Jean-Frédéric Godefroy Lillig vend son commerce à Jules Dussaulx, frère de Charles-Joseph Dusaulx – un des inventeurs du moteur à explosion – qui est confiseur 19, rue du Pont-Mouja et conseiller municipal de Nancy.
Celui-ci le cède à son tour à Albert Lalonde en 1901.
La Bergamote de Nancy s’est répandue dans la ville à la fin du XIXe siècle.
C’est lors de l’Exposition Internationale de Nancy de 1909 que la Bergamote de Nancy acquiert ses lettres de noblesse et une notoriété internationale.
Initialement conditionnées en boîte de carton ou en métal, c’est lors de l’Exposition Universelle de 1909 qu’apparaissent les premières boîtes métalliques sérigraphiées où l’appellation Bergamote de Nancy sera définitivement associée à l’image de la place Stanislas.
Quant à l’orthographe, on trouve parfois Bergamottes avec 2 T sur les boîtes anciennes !
Si l’origine de ce mot est liée à son principal producteur qu’est l’Italie, qui l’écrit « bergamotto », on comprend son doublement de la consonne.
Dans le dictionnaire de Trévoux en 1752, la bergamote est citée en tant qu’essence de cédrat avec un seul T…
Source de confusion, l’usage du deuxième T fût progressivement abandonné.
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La Bergamote de Nancy, qui existe depuis plus d’un siècle et demi est un bonbon qui est resté local.
On ne le trouve apparemment nulle part ailleurs qu’à Nancy ou du moins en Lorraine.
Le 29 octobre 1993, la Bergamote de Nancy obtient le label Lorraine.
Quatre confiseurs souscrivent ensuite à une démarche qualitative exigeante qui permet d’obtenir le label IGP, Indication Géographique Protégée , le 21 juin 1996. La Bergamote de Nancy est la première confiserie en France recevant le label IGP
Le cahier des charges indique les divers éléments de fabrication (huile essentielle naturelle issue exclusivement de Calabre, taille, translucidité,…) et de conditionnement.
Trente trois tonnes de Bergamotes de Nancy sont commercialisées en IGP chaque année.
Une fabrication artisanale d’une recette originale : les sucres sont dissous dans de l’eau portée à ébullition subissant une cuisson à feu nu dite «au grand cassé» qui lui donne sa couleur naturellement ambrée. L’essence naturelle de bergamote y est ensuite ajoutée.
Une fois le mélange coulé en nappe et refroidi, il est détaillé soit de façon manuelle par un emporte-pièce, soit de façon mécanique par laminage pour former les Bergamotes de Nancy !
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Pour ceux qui voudraient encore creuser la question, ils peuvent se plonger dans le livre Les bergamotes de Nancy par Alain Barrot
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De nombreuses idées culinaires autour de la bergamote !
Recette de la crème brûlée à la bergamote sur NancyBuzz
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Merci à Alain Batt pour ces lignes que j’ai pu écrire en grande partie grâce à sa connaissance.
Confiserie Alain Batt
2 points de vente à Nancy
40, rue Saint-Georges
03 83 35 91 65
30, impasse du Tapis Vert
03 83 35 56 34
Secteur Nancy Centre
26 décembre 2018 at 12 h 04 min
Pour tout renseignement complémentaire de ce qui est écrit dans le livre, contacter son auteur, Alain Barrot, toujours aussi passionné par la bergamot(t)e de NANCY à : barrotal@yahoo.fr
9 février 2022 at 11 h 22 min
Très bien fait ce reportage…merci beaucoup..
Cordialement